Le gaullisme et la droite néo-gaulliste La droite française a longtemps été dominée sous la Ve République par une famille politique originale : le gaullisme. Idéologiquement, le gaullisme ne revêtait pas les attributs classiques des forces politiques de droite dans les États d'Europe occidentale :
Le positionnement du gaullisme à droite est donc controversé. Les gaullistes eux-mêmes ne se positionnent pas à droite et revendiquent un positionnement "ni droite ni gauche" voire centriste :
Le successeur de Charles de Gaulle, Georges Pompidou, se situait idéologiquement entre le gaullisme et la droite classique. Il ne faut alors plus parler de gaullisme mais de néo-gaullisme. Les gaullistes représentent dès lors une minorité au sein du parti néo-gaulliste (Jacques Chaban-Delmas dans les années 1970, Philippe Séguin et Jacques Godfrain dans les années 1980 et 1990). Les néo-gaullistes fondent en décembre 1976 le Rassemblement pour la République (RPR). Contrairement aux gaullistes, le positionnement à droite des néo-gaullistes n'est pas controversé. Puisant aux sources originelles du gaullisme, Jacques Chirac a toutefois remis en cause ce positionnement à droite à deux reprises : durant la période 1975-1980 et lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 1995 (lutte contre la "fracture sociale" théorisée par Philippe Séguin, Henri Guaino et Emmanuel Todd).
Pierre Bréchon, Jacques Derville, Patrick Lecomte, L'univers idéologique des
cadres RPR, RFSP, 37/5, octobre 1987
La droite non gaulliste La droite classique est représentée en 1958 par le
Centre National des
Indépendants et Paysans (Antoine Pinay, Roger Duchet), qui forme à
l'Assemblée nationale le Groupe des Indépendants et Paysans d'Action
Sociale. Il s'agit alors du deuxième groupe en nombre de députés. Les Républicains Indépendants
(RI) forment en juin 1966 la
Fédération Nationale
des Républicains Indépendants (Valéry Giscard d'Estaing, Michel Poniatowski)
qui participe aux cartels électoraux de la majorité aux élections
législatives de 1968 (Union pour la Défense de la République) et 1973 (Union
des Républicains de Progrès).
L'unification des droites À partir de 1981 (victoire de la gauche), la droite néo-gaulliste (le RPR de Jacques Chirac) et la droite non néo-gaulliste (l'UDF de Valéry Giscard d'Estaing et Jean Lecanuet) vont progressivement s'unifier. L'unification des droites s'opère idéologiquement autour de la défense de l'Europe supranationale et libérale. Ce qui conduira à la création, en 1994, par Philippe de Villiers (ex-UDF) du Mouvement pour la France (souverainistes libéraux) puis en 1999 par Charles Pasqua (ex-RPR) du Rassemblement pour la France (souverainistes néo-gaullistes et libéraux). Outre ces scissions, qui ne connaissent leur heure de gloire qu'à la faveur des élections européennes de 1994 et 1999, le débat d'idées n'a ressurgi au sein de la droite que lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 1995 lorsque, face à Édouard Balladur (RPR), Jacques Chirac (RPR) effectue un retour éphémère au gaullisme "ni droite ni gauche". Structurellement, l'unification est décalée par rapport à l'unification idéologique en raison d'ambitions personnelles (Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac, Raymond Barre, François Léotard, Édouard Balladur). Cette unification s'opère d'abord à travers des cartels électoraux réunissant le RPR et l'UDF (Union pour la Nouvelle Majorité en 1981, Union du Rassemblement et du Centre en 1988). Puis viennent deux tentatives de confédérations qui échouent : l'Union pour la France (1990-1993) et l'Alliance (mai 1998). Parallèlement, en mai 1998 la majorité de Démocratie Libérale (ex-Parti Républicain) quitte l'UDF. La droite non chiraquienne se trouve dès lors divisée entre un centre-droit (la nouvelle UDF de François Bayrou) et une droite (Démocratie Libérale d'Alain Madelin). Les campagnes électorales pour l'élection présidentielle et les élections législatives de 2002 aboutissent cependant à la création d'un parti chiraquien unique : l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP). L'UMP regroupe officiellement le RPR, Démocratie Libérale (malgré les réticences d'Alain Madelin et de ses proches) et des dissidents de l'UDF (Pierre Méhaignerie, Philippe Douste-Blazy, Jacques Barrot). De fait, l'UMP vampirise également le Rassemblement pour la France (même si Charles Pasqua n'est qu'apparenté à l'UMP).
La droite se trouve depuis composée de l'UMP (Nicolas Sarkozy), entourée de deux forces politiques :
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